Interpellation des autorités locales
Le 24 novembre 2016, septante habitants d'Uccle interpellaient leur collège échevinal au sujet des nuisances causées par l'activité de la discothèque Les Jeux d'Hiver. Vous trouverez ci-dessous le texte de cette interpellation et le compte rendu des échanges qui ont suivi avec Monsieur Marc Cools, échevin de l'environnement d'Uccle. Un échange de courrier avec des élus d'Uccle et de Bruxelles-Ville a eu lieu au cours des jours qui ont suivi.

Interpellation citoyenne auprès du Conseil communal d’Uccle
concernant le tapage nocturne en provenance des Jeux d’Hiver
Uccle, le 24 novembre 2016.
Monsieur le Bourgmestre, Mesdames et Messieurs les Échevins et Conseillers communaux,
Tout d’abord, nous vous remercions d’avoir accepté notre interpellation au sujet des Jeux d’Hiver.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, j’aimerais vous signaler que son contenu a maintenant recueilli le soutien de septante personnes, ainsi que l’appui du Comité de Quartier Floride-Langeveld (CQFL) et de l’Association des Comités de Quartier d’Uccle (ACQU), dont les présidents sont ici ce soir.
Nous sommes un groupe d’Ucclois habitant le quartier situé à l’ouest du Bois de La Cambre. Nous voudrions vous demander aujourd’hui de bien vouloir obtenir de vos homologues de la Ville de Bruxelles ou du gouvernement régional la solution d’un problème de tapage nocturne.
Avant tout, nous tenons à souligner que nous sommes les premiers à apprécier les événements festifs. Pourvu que le bruit n’ait pas le caractère intrusif des basses de la musique techno, nous apprécions ces moments de convivialité à leur juste valeur. Nous désirons en profiter en paix. Notre interpellation vise un événement d’un tout autre genre : une perturbation régulière qui, au nom du profit, bafoue les droits des citoyens, détériore leur santé, fragilise leur travail et détruit leurs moments d’étude et de repos.
Deux nuits par semaine (celles des jeudis et samedis), parfois plus fréquemment, nous sommes victimes d’une pollution sonore intensive en provenance de la discothèque Les Jeux d’Hiver située dans le Bois de La Cambre. De la musique fortement amplifiée, dont l’intensité augmente au cours de la nuit, est diffusée en continu de minuit à six ou sept heures du matin. La nuisance provient essentiellement du martèlement des basses qui se répercute à plusieurs centaines de mètres et que ne parviennent à étouffer ni le double vitrage ni les protections auditives, même si son intensité varie en fonction de divers paramètres tels que l’orientation de nos fenêtres ou la direction du vent.
Lors de nos coups de sonde, nous avons pu constater en outre que les nuits d’ouverture de la discothèque, le Bois se mue en une agora trépidante sillonnée par les voitures et par des groupes bruyants canalisés par des préposés postés à l’entrée du chemin du Croquet. Les clients de la discothèque jonchent les allées du parc de bouteilles vides. Le trafic augmente le bruit de fond perceptible à distance. Sur place, il offre avec les conditions de circulation ordinaires un contraste sidérant, le parc restant un havre de paix les nuits où l’établissement est fermé (cf. vidéo). En plus d’être dommageable aux humains, le vacarme des Jeux d’Hiver l’est certainement aussi pour la faune, et la désertion des chauve-souris du parc ne lui est vraisemblablement pas étrangère.
Ceux d’entre nous qui demeurent chaussée de Waterloo ont aussi à subir les dégradations de leur environnement et les comportements incivils des fêtards qui émergent des Jeux d’Hiver à l’aube et sonnent par exemple à toutes les portes de la rue. Ils vomissent aussi dans les tramways, régulièrement obligés de faire halte au dépôt pour être nettoyés, après avoir fait descendre leurs passagers.
Installés dans le Chalet des Rossignols prévu par son concepteur pour offrir une halte aux promeneurs, Les Jeux d’Hiver jouissent d’une concession de la Ville de Bruxelles. Ils sont détenteurs d’un permis d’environnement de la Région, dont les conditions leur imposent non seulement de se conformer à la réglementation en matière de bruit, mais aussi de respecter l’écosystème et d’encourager l’usage du vélo et des transports en commun. Nous venons de voir ce qu’il faut penser de l’application de chacune de ces consignes.
Au cours des dix dernières années, certains d’entre nous se sont adressés au directeur de l’établissement pour lui proposer un modus vivendi respectueux du droit de chacun. Devant l’échec des pourparlers, nous nous sommes tournés vers les services de police de Bruxelles et d’Uccle, avons introduit des plaintes auprès du conseil communal de la Ville et auprès de l’IBGE. Ces démarches individuelles n’ont abouti à de très rares accalmies, toujours de courte durée, que lorsqu’elles étaient assorties de la perspective d’un contrôle. En fait, la période de paix relative la plus notable dans le passé a été la conséquence de la fermeture, en avril, de l’établissement concurrent, Le Wood, qui a provisoirement incité le gérant des Jeux d’Hiver à la circonspection. La plus récente est celle dont nous jouissons actuellement depuis un mois, le directeur de l’établissement ayant été informé de notre initiative citoyenne. Après chacune des alertes précédentes, lorsqu’il estimait sans doute la tourmente passée, ce dernier n’a pas hésité à augmenter à nouveau le volume de ses émissions jusqu’à atteindre les niveaux intolérables dont il est coutumier, comme par exemple ceux de la première quinzaine d’octobre.
Nos dizaines (et vraisemblablement centaines) d’appels à la police de Bruxelles dans le double but de faire constater le tapage et d’y mettre fin n’ont donné lieu ni à une diminution du bruit, fût-elle temporaire, ni à aucun procès-verbal, ai-je appris il y a quinze jours. Ils ont donc été inutiles.
Quant aux enregistrements effectués par l’IBGE au cours de ces dix ans suite à des plaintes de particuliers, ils ont tous été disqualifiés en tant que preuves car ils ne permettraient pas de mettre en évidence, à la réécoute, que la musique est plus intense que le bruit du trafic enregistré en même temps ; or, avance l’IBGE, il n’est pas prouvé que le trafic soit celui attiré par l’établissement. Le dernier enregistrement, fait en avril 2016 alors que Les Jeux d’Hiver émettaient un tapage puissant (cf. vidéo), révélait, à 600 m de distance, des pics de 60 à 70 dB au-dessus d’une moyenne de 45 à 50. Mais… l’IBGE objecte que rien ne prouve que le bruit mesuré ait été causé par l’établissement.
D’autre part, que ce soit le fait d’une limitation technique ou d’une méthodologie inadéquate, la procédure d’analyse de l’IBGE traite le bruit toutes fréquences confondues, s’interdisant en particulier la mise en évidence des basses. Or, notre expérience nous a prouvé des centaines de fois que, même lorsque leur amplitude est faible, ces dernières se propagent loin et sont particulièrement nocives. Sinon sur l’audition, du moins sur le repos, sur l’équilibre mental et sur tous les domaines de la santé affectés par la privation de sommeil.
L’IBGE est conscient de ces problèmes méthodologiques mais ignore jusqu’à présent comment les résoudre.
Le décalage entre l’expérience dont témoignent des dizaines de riverains aux premières loges, vécue semaine après semaine, et l’impossibilité d’obtenir des organes dont c’est la charge une preuve du tapage nous semble, bien entendu, mettre en lumière une faille sur laquelle il conviendrait de se pencher. Mais surtout, il ne nous laisse plus d’autre recours que de nous tourner vers vous.
Nous vous enjoignons donc de bien vouloir intervenir auprès des autorités compétentes afin qu’elles fassent fermer Les Jeux d’Hiver et interdisent irrévocablement l’exploitation de toute boîte de nuit dans le Bois de La Cambre.
Nous vous remercions d’avance de prendre notre requête en considération et de nous informer de votre intervention et de ses résultats. Nous espérons vivement qu’elle aura pour effet de restaurer définitivement la tranquillité nocturne dans notre quartier.
Je vous remercie pour votre attention. Nous répondrons avec plaisir à vos questions après vous avoir montré une vidéo très courte illustrant certains points que je viens d’évoquer.
